
Le discours prononcé par Nicolas Sarkozy ce lundi devant les parlementaires se voulait historique et à la hauteur de la crise. Il n’a finalement été qu’une pâle copie de ses discours de campagne : aux accents volontaristes et républicains, à rebours de la pensée unique… mais truffés de contradictions, et en total incohérence avec ses actes.
On l’a vu ainsi reprendre une à une la plupart des préceptes émis par Henri Guaino, son conseiller spécial mais surtout l’un des plus vieux tenants de l’« autre politique ».
Ainsi du refus d'une politique de rigueur, qui aggraverait le déficit public.
Ainsi de la distinction entre dépenses de fonctionnement et dépenses d’investissement, les secondes considérées comme acceptables car étant les recettes de demain.
Ainsi de la défense du modèle social républicain issu du programme du Conseil National de la Résistance, de ses services publics et de sa protection sociale. Modèle dont le principal enseignement reste que c'est en protégeant que l’on crée la confiance et donc la croissance.
La reprise de ces préceptes étant en profonde contradiction avec l’orthodoxie budgétaire et néolibérale, on aurait donc dû s’attendre à ce que le Président réclame l'abrogration des directives européennes de libéralisation des services publics et dénonce l'ensemble des traités européens, en particulier le traité de Maastricht et le Pacte européen de stabilité et de croissance. Il n’en a rien était.
On aurait dû également s’attendre, à la veille d’un remaniement programmée, à ce qu’il change en profondeur son équipe gouvernemental, débarquant le premier d’entre eux, François Fillon, ainsi qu’Eric Woerth et Christine Lagarde, tous trois adeptes d’une politique économique avec lequel il prétend vouloir rompre.
Là aussi, il n’en a rien était. Le remaniement, avec la reconduction des mêmes aux postes-clés, fut incontestablement un reniement entier du discours de la veille.
Un remaniement-reniement qui, d’ailleurs, vaut aussi pour la question de la Turquie. En effet, la nomination de l’ineffable Pierre Lellouche aux Affaires européennes, fervent soutien à l’entrée de ce pays dans l’Union européenne, ne peut qu’achever d’enlever toute sincérité à la position élyséenne, précisément inverse, à ce sujet.
Quand donc monsieur Sarkozy décidera-t-il de mettre sa politique en cohérence avec son discours ?