17 mai 2007
4
17
/05
/mai
/2007
12:29

Sa lettre a été lue mercredi, jour de la prise de fonctions du nouveau président, devant le Monument de la Cascade du Bois de Boulogne en hommage à d'autres jeunes résistants fusillés en 1944.
Fils d'un cheminot député communiste, Guy Môquet, lui-même ardent militant des jeunesses communistes, est arrêté le 13 octobre 1940 gare de l'Est lors d'une distribution de tracts clandestine.
Emprisonné à Fresnes, puis à Clairvaux, l'élève du Lycée Carnot est ensuite transféré, malgré son acquittement, au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), où il est détenu avec d'autres militants communistes.
Le 20 octobre 1941, Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation de la Loire inférieure, est exécuté à Nantes par trois jeunes communistes.
Le ministre de l'Intérieur du gouvernement Pétain, Pierre Pucheu, sélectionne des otages communistes "pour éviter de laisser fusiller 50 bons Français": 18 emprisonnés à Nantes, 27 à Châteaubriant et 5 Nantais emprisonnés à Paris.
Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressés à la Sablière, vaste carrière à la sortie de Châteaubriant. En trois groupes, les 27 otages s'y appuient, refusent qu'on leur bande les yeux et donnent leur vie en s'écriant "vive la France". Guy Môquet est le plus jeune. Il est abattu à 16H00.
L'adolescent avait un jeune frère, Serge, 12 ans. Traumatisé par la mort de son aîné, il ne lui survit que quelques jours.
Dans sa lettre d'adieux, Guy Môquet écrit aux siens, d'une écriture régulière: "17 ans et demi, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
"Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon coeur d'enfant", conclut-il.
Depuis 1946, une rue et une station du métro parisien portent son nom tout comme un lycée de Châteaubriant et de nombreux autres lieux en France.
Il est l'un des dédicataires du poème d'Aragon "La rose et le réséda": "Celui qui croyait au Ciel, Celui qui n'y croyait pas".
(Source : Le Nouvel Observateur)
Lettre d'adieu de Guy Môquet
"Ma petite maman chérie,
mon tout petit frère adoré,
mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c'est d'être courageuse. Je le suis et je veux l'être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon cœur, c'est que ma mort serve à quelque chose. Je n'ai pas eu le temps d'embrasser Jean. J'ai embrassé mes deux frères Roger et Rino. Quant au véritable je ne peux le faire hélas ! J'espère que toutes mes affaires te seront renvoyées elles pourront servir à Serge, qui je l'escompte sera fier de les porter un jour. A toi petit papa, si je t'ai fait ainsi qu'à ma petite maman, bien des peines, je te salue une dernière fois. Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'as tracée.
Un dernier adieu à tous mes amis, à mon frère que j'aime beaucoup. Qu'il étudie bien pour être plus tard un homme.
17 ans 1/2, ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous. Je vais mourir avec Tintin, Michels. Maman, ce que je te demande, ce que je veux que tu me promettes, c'est d'être courageuse et de surmonter ta peine.
Je ne peux en mettre davantage. Je vous quitte tous, toutes, toi maman, Serge, papa, en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !
Votre Guy qui vous aime.
Guy
Dernières pensées : Vous tous qui restez, soyez dignes de nous, les 27 qui allons mourir !"