28 mai 2007
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Lors de la "Semaine Sanglante", qui se déroula 21 au 28 mai 1871, le mouvement insurrectionnel de la Commune de Paris est écrasé par les troupes versaillaises, après des combats acharnés sur des centaines de barricades et une répression féroce.
Dès la signature du traité de paix avec l'Allemagne, le 10 mai, Adolphe Thiers, l'homme fort de la République "réaliste", obtient de l'occupant prussien la libération anticipée de 60 000 soldats. Il décide aussitôt de lancer contre la capitale 130 000 hommes, dont des anciens prisonniers et beaucoup de campagnards recrutés et formés à la hâte.
Le dimanche 21 mai, les troupes gouvernementales entrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Pendant une semaine, les combattants de la Commune, déterminés, vont lutter quartier par quartier, maison par maison, barricade par barricade. Les combats sont sanglants. Ils feront au total 4000 tués côté communards et 877 du côté des troupes versaillaises.
Mais l'armée pratique en même temps ce que Louise Michel a nommé la "curée froide". On a ainsi prévu des cours prévôtales chargé de juger sommairement les insurgés pris les armes à la main, et de les fusiller sur place. Une vingtaine fonctionne dès le 23 mai. C'est à Montmartre, dans toutes les rues, qu'on commença à tuer systématiquement. Puis se mirent en place les "abattoirs", où l'on fusillait à la chaîne au moindre soupçon : au Luxembourg, au Châtelet, caserne Lobau, à l'Ecole militaire, aux prisons Mazas et de la Roquette, au parc Monceau, aux gares. Les exécutions se faisaient parfois à la mitrailleuse. Elles durèrent toute la semaine, et plusieurs jours encore après le 28 mai.

Les Communards se vengent en faisant fusiller environ 480 otages, dont l'archevêque Darboy. Ils n'hésitent pas non plus à mettre le feu à Paris. Ils incendient les monuments les plus illustres tels que le palais des Tuileries, le palais de Justice gothique, l'Hôtel de Ville hérité de la Renaissance, le Palais-Royal et le palais d'Orsay...

Vint alors le procès des communards. On constitua pour juger ces insurgés, bien souvent des miséreux, vingt-quatre conseils de guerre qui rendirent 50 000 décisions. On jugeait et on condamnait encore à mort en 1877. Pour les hommes, furent prononcées 87 condamnations à mort (26 seulement furent exécutées), 231 condamnations aux travaux forcés à perpétuité ou à temps, 1157 condamnations à la déportation en enceinte fortifiés, 3400 à la déportation simple. Le reste du pauvre troupeau l'était à des peines diverses de prison. On condamna 130 femmes (dont 8 à la peine de mort, commuée), 19 aux travaux forcés, 28 à la déportation. 55 enfants étaient envoyés en maison de correction, cinq condamnés à la prison, un à la déportation simple.
Les peines les plus lourdes se purgaient en Nouvelle-Calédonie : à l'île Nou pour les travaux forcés ; à la presqu'île Ducos pour les "blindés" de la déportation en enceinte fortifiée ; à l'île des Pins pour la déportation simple. Au 1er janvier 1876, on comptait 2983 déportés simples, dont 13 femmes, 879 déportés en enceinte fortifiée, dont 6 femmes, et quelques trois cent bagnards, dont trois femmes.
L'amnistie complète ne fut accordée que le 11 juillet 1880. Elle libéra 541 hommes et 9 femmes, dont Louise Michel...
D'après les travaux de Jacques Rougerie