Culture et mémoire républicaine

 

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10 août 2007 5 10 /08 /août /2007 15:34

 


Le 10 août 1792, une foule de sans-culottes, renforcée de fédérés, s'emparent du palais des Tuileries où étaient assignés à résidence Louis XVI et sa famille. Au terme d'une journée d'intenses combats, ces derniers sont internés. C'est la fin effective d'une monarchie française millénaire, et la naissance d'une République qui ne dit pas encore son nom.


Cette journée historique est l’aboutissement d’une année d’une rupture grandissante entre le roi et le peuple. C’est ainsi que depuis juin 1791 et sa fuite à Varennes qui le discrédite profondément, le roi Louis XVI est assigné à résidence au palais des Tuileries, sous l’étroite « surveillance du peuple » parisien.


Une rupture qui est en passe d’atteindre son paroxysme lorsque, durant l'été 1792, la France s’attend à une inévitable et imminente invasion étrangère, une invasion à laquelle on soupçonne de plus en plus le roi de montrer de la sympathie. Louis XVI espère en effet, secrètement, recouvrir par le glaive étranger son autorité sans partage. Et il n’hésite pas à mettre son veto à un décret permettant la constitution d'un camp de gardes nationaux fédérés pour défendre Paris. Veto que contournera l'assemblée législative en décrétant le 11 juillet « la patrie en danger ».


Le soupçon qui pèse sur Louis XVI devient une certitude quand, le 25 juillet, une déclaration du duc de Brunswick annonce que les Alliés entreront en France pour restaurer l'autorité royale, investiraient militairement l'Assemblée et la ville de Paris au moindre outrage envers le roi. Cette nouvelle, connue à Paris le 1er août, excite la fureur de ses habitants envers la monarchie et les aspirations républicaines des révolutionnaires.

Ainsi, le 5 août, les sections de Paris exigent, sous la menace d'une insurrection populaire, la déchéance du Roi. L'Assemblée refuse de céder.


Une nouvelle « journée révolutionnaire » se prépare alors. Les sans-culottes parisiens, qui ne supportent plus cette monarchie complaisante envers les envahisseurs étrangers, en seront ses artisans.


Le 10 août, à minuit, le tocsin commence à sonner aux clochers de la capitale.


Et dès trois heures du matin, les sans-culottes et les Fédérés se rassemblent à l'Hôtel de ville. Une « commune insurrectionnelle » y est établie, en lieu et place de la municipalité légale.

Ils se dirigent ensuite vers les abords du palais des Tuileries, un palais dont la défense avait été particulièrement bien préparé. Ce sont près de 4000 hommes, gendarmes, gardes suisses et gardes nationaux, qui, en théorie, les attendent de pied ferme.


En théorie car Louis XVI, qui en cette matinée particulière les passe en revue, se rend compte qu’il ne pourra compter sur tous. Si les gardes suisses, fidèles, crient « Vive le roi ! », il n’en va pas de même pour les autres qui crient de leur côté « Vive la Nation ! » voire « A bas le veto ! ». Des bataillons finissent même par tourner leurs canons contre le château et à se placer en position d’attaque.



Face au palais, le roi découvre aussi la foule hostile des Parisiens qui l’accueille sous un tombereau d’insultes. Une foule d’insurgés avec qui fraternisent très vite les gendarmes et une grande partie des gardes nationaux.

Le roi, convaincu alors que la défense du château n’est plus assurable, se résigne, accompagné de la reine et du dauphin, à chercher refuge au sein de l'Assemblée.

Pendant ce temps-là, depuis le bâtiment assailli, les gardes suisses, ses seuls défenseurs, se mettent à tirer sur la foule et abattent plusieurs dizaines d'hommes. La réplique des insurgés ne se fait pas attendre, et la suite est un combat d'une rare violence que gagneront les sans culottes et les soldats ralliés. On comptera ainsi plus d’un millier de morts.


L’Assemblée législative, mise devant le fait accompli, prononce alors la suspension du roi. Elle nomme à la place du gouvernement un Comité exécutif au sein duquel Danton devient Ministre de la Justice. Elle convoque aussi et surtout une « Convention nationale » qu’elle charge de prendre toutes les mesures « pour assurer la souveraineté du peuple et le règne de la liberté et de l'égalité ». Et en vue de son élection, elle instaure pour la première fois le suffrage universel, abolissant le suffrage censitaire et la distinction entre citoyens « actifs » et citoyens « passifs » qui avait cours depuis 1790.

Le lendemain, la famille royale est emmenée au donjon du Temple. Si la monarchie n’existe plus alors dans les faits, il faudra toutefois attendre le 21 septembre suivant pour qu’elle soit abolie et la République officiellement proclamée.

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4 août 2007 6 04 /08 /août /2007 19:42


Dans la nuit du 4 août 1789, les députés de l'Assemblée nationale constituante proclament l'abolition de tous les droits et privilèges féodaux. Six heures à peine de discussions, marquées du sceau de l'enthousiasme et de l'unanimité, suffisent pour abattre tous les cadres sociaux de l'Ancien Régime.

L'été 1789 est une période d'intenses troubles. La prise de la Bastille et la crainte d'une réaction nobiliaire ont provoqué dans les campagnes une « Grande Peur ». Ainsi, en de nombreux endroits dans le royaume, les paysans s'arment, redoutant des attaques de brigands ou de troupes étrangères appelées par le roi pour mettre fin à la « jacquerie ». Chauffés à blanc, nombre de paysans s'arment, pillent des convois de grain et attaquent les châteaux. Ils brûlent les archives, en particulier les « terriers » qui fixent les droits et les propriétés seigneuriales. Parfois, ils maltraitent, violent et tuent les hobereaux et leur famille.

Ces paysans réclament la terre, la fin des privilèges, l'égalité. Cherchant expressément à apaiser la situation, les députés vont se décider à s'engager vers la voie de l'abolition des privilèges.

Le 3 août 1789 le duc d'Aiguillon lança l'idée au Club Breton d'une abolition des droits seigneuriaux. « Le peuple cherche à secouer enfin un joug qui depuis tant de siècles pèse sur sa tête », s'exclame-t-il, « l'insurrection trouve son excuse dans les vexations dont il est la victime ».

Le lendemain, en fin de soirée, Le Vicomte de Noailles propose à l'Assemblée nationale de supprimer les privilèges pour ramener le calme dans les provinces. Cette proposition recueillit l’approbation et l’enthousiasme des députés.

 

Ainsi, tour à tour, dans une ambiance indescriptible, des députés montent à la tribune préciser le cadre de cette abolition. Le Duc d'Aiguillon proposa l'égalité de tous devant l'impôt et le rachat des droits féodaux. Puis, Le Guen de Kerangal, le vicomte de Beauharnais, Lubersac et l'évêque de La Fare surenchériront en proposant et en obtenant la suppression des banalités, des pensions sans titre, des juridictions seigneuriales, du droit de chasse, de l’abolition des privilèges ecclésiastiques.

D'autres archaïsmes comme la corvée obligatoire sont supprimées, de même que des injustices criantes, telle que la dîme ecclésiastique, uniquement payée par les pauvres. Toutefois, certaines autres taxes, comme les cens et les champarts, doivent être rachetées par les paysans. A cette seule réserve, les paysans deviennent propriétaires de plein droit de leurs terres.

 

À la faveur de cette nuit d’euphorie parlementaire, tous les citoyens sont déclarés égaux devant la loi. Mais cette égalité reste limitée par la propriété et le suffrage censitaire...

 

Tous les privilèges urbains et provinciaux sont eux aussi abolies. Le centralisme administratif est l’autre grand vainqueur de la nuit du 4 août, qui y gagne une bataille décisive contre les normes et législations locales, qui n’ont désormais plus cours. Seul Paris, depuis cette date, fait loi sur le territoire national.


Les jours suivants le clergé essaya de revenir sur la suppression de la dîme mais le président de l'assemblée Le Chapelier n'ayant accepté que des discussions sur la forme, les décrets du 4 août furent définitivement rédigés le 11. Louis XVI n'accordera sa sanction à ces décrets que contraint le 5 octobre.

Afin de donner corps à cette abolition, les députés vont dès lors œuvrer à la rédaction d'une déclaration des droits : la fameuse Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26 août 1789.

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